Lecture du jour :
Marc 1

Contraste du désert
Le désert, ce lieu vide, sans lien, effrayant le plus souvent, fascinant parfois, comme pour mieux s’y perdre. Car le désert est sans chemin tracé, sans repère, lieu d’errance. Le peuple d’Israël y a erré 40 ans en y vivant tous les doutes possibles. Dans le désert, il s’est révolté, mais il a aussi reconnu sa condition de pauvre, de pécheur.
Le désert est comme un espace en attente. Mais en attente de quoi donc, sinon d’une rencontre, d’une humanité ? Car le désert peut aussi être le lieu où tout devient possible, loin des idées reçues, un lieu qui appelle la nouveauté. La vie ne peut plus être comme avant. Tel Osée, emmenant Omer, son épouse, au désert pour parler à son cœur (Os 2, 16). Et là, l’amour va enfin naître. L’amour et l’avenir. Et voilà que soudain, une voix s’élève. Une voix, et le désert s’anime, il n’est plus désert.
Une voix s’élève et nous appelle : sors ! Sors de l’égarement et de la peur. Sors de tes nuits et des ombres. Un chemin s’ouvre, une source se propose à la soif du voyageur égaré. Et pas n’importe quel chemin : celui du Seigneur. Le chemin pour être des vivants, reliés et libres. Jean inaugure les temps nouveaux. Jean se vit comme indigne de celui qu’il annonce. Au point de ne pouvoir délier la courroie de ses sandales, alors même qu’à l’époque, tous les serviteurs déliaient les souliers de leur maître quand il rentrait, geste courant des serviteurs ou des esclaves.
Mais peut-être que Jean se trompe en se situant ainsi, car lui qui annonce les temps nouveaux se réfère encore à l’ancien monde : celui des maîtres et des esclaves, des hommes libres et des serviteurs. Désormais, en Jésus, ce n’est plus le temps des serviteurs, mais celui des amis. Par Jean, l’Évangile est un cri. Non une parole tiède, mais un cri qui déchire le rideau du temple, un cri qui rend Dieu aux hommes, à tous les hommes.